Intervention du représentant de la CFE-CGC lors de la discussion du budget de l’enseignement supérieur et de la recherche au CNESER (11 mars 2025)

Mesdames, Messieurs, la CFE-CGC remercie les intervenants pour leur présentation. Nous sommes réunis aujourd’hui pour étudier le budget 2025 du ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche, dans un moment difficile alors que des manifestations ont lieu à travers l’ensemble du pays, alors qu’un certain nombre d’universités, bloquées au cours des dernières semaines (Rennes2, Bordeaux Montaigne, Poitiers, Université de Bretagne occidentale, etc) sont à nouveau touchées par des mouvements étudiants. La CFE-CGC ne peut cautionner de telles actions qui sont inefficaces et qui constituent une entrave inacceptable à la liberté d’enseigner et d’étudier. Mais pour autant, elle comprend le désarroi, voire la colère qui touche un grand nombre de membres de la communauté universitaire, chercheurs, enseignants-chercheurs, enseignants, personnels administratif et techniques comme étudiants.

Certes, nous dira-t-on, le déficit est considérable, la dette abyssale mais l’enseignement supérieur n’est pas responsable des choix budgétaires des différents gouvernements depuis une vingtaine d’années. Bien au contraire, l’ESR est à la diète depuis fort longtemps :

  • Financements stagnants voire en baisse des divers opérateurs de l’Etat si l’on tient compte de l’inflation des dernières années.
  • Perte de pouvoir d’achat de tous les agents et donc problème croissant d’attractivité.
  • Financement par étudiant en baisse (12730 euros/an en 2016, 12250 en 2022 – en euros 2022).
  • Manque cruel de moyens pour les CROUS.
  • Surcharge en heures complémentaires au détriment des activités de recherche.
  • Encore récemment diminution pour l’année 2025 des CRCT, évolution que plusieurs sections du CNU ont dénoncée.

Et le catalogue n’est pas terminé….

Il ne faut pas oublier la situation budgétaire difficile d’un grand nombre d’établissements, pris à la gorge (déficit d’environ 11 millions à Montpellier-Paul Valéry, 6 millions au MNHN et à l’université Bordeaux Montaigne, 4 millions à UBO, etc) ce qui oblige l’Etat, responsable de cette situation d’asphyxie budgétaire du fait d’une pseudo-autonomie, à reprendre parfois en main les finances comme le montrait encore récemment l’exemple de l’université Paris Panthéon-Sorbonne.

Le ministre nous a annoncé comme une grande victoire le fait que le CAS pension soit entièrement compensé par l’Etat mais c’est la moindre des choses de la part de l’employeur public ; ce n’est pas une faveur arrachée lors de négociations budgétaires, ce n’est que la réparation d’une scandaleuse injustice.

La CFE-CGC demande que le discours volontariste des dirigeants de notre pays soit enfin en adéquation avec les moyens qu’ils doivent donner à la recherche et à l’enseignement supérieur. On le constate encore ces derniers jours avec notre ministre qui ambitionne l’accueil de chercheurs américains… Mais, avec quels moyens ? les finances des établissements sont exsangues. Il y a de fortes probabilités pour que nos collègues d’Outre-Atlantique choisissent des pays d’accueil qui traitent mieux leurs chercheurs.

Par ailleurs, nous débattons, nous échangeons, nous discutons aujourd’hui d’un budget 2025 alors que la loi de finances a déjà été promulguée le 14 février. La CFE-CGC qui, en toutes circonstances, agit comme force de propositions, souhaite qu’à l’avenir, par l’intermédiaire du CNESER, la communauté scientifique soit davantage associée, sous une forme à définir, au processus de préparation du budget de l’ESR.

En l’état, la CFE-CGC est fermement opposée à ce budget.