Enseignants-chercheurs au bord de la crise

À lire les propos de la Directrice générale de l’enseignement supérieur et de l’insertion professionnelle dans le projet de loi de finances 2023, nos gouvernements « ont adapté les capacités d’accueil à la démographie étudiante très dynamique au cours du dernier quinquennat ». Qu’il nous soit permis d’en douter : chacune et chacun d’entre nous peut constater chaque jour la dégradation de nos conditions de travail.

En tant qu’enseignants-chercheurs, nous sommes de plus en plus submergés par les tâches administratives ; nous devons, à moyens constants voire à moyens réduits, accueillir de plus en plus d’étudiants, ce qui signifie davantage de cours supplémentaires, donc moins de temps à consacrer à un suivi pédagogique efficace et à la recherche. Une politique de recrutement digne de ce nom doit donc être mise en œuvre au cours des prochaines années sans oublier la revalorisation des rémunérations, si l’on veut attirer les jeunes générations.

Nous reconnaissons les efforts récemment entrepris, à partir du moment où nos gouvernants ont constaté la dégradation de la position de notre pays au niveau européen et international. Outre les primes, une politique de repyramidage a été entreprise pour permettre à un certain nombre de maîtres de conférences habilités de devenir professeur et nous ne pouvons que nous en réjouir pour les collègues concernés. Mais les primes ne sont pas du salaire et s’il y a repyramidage, c’est bien parce qu’il n’y a plus de possibilités de promotion du fait d’un nombre croissant de gels de postes.

Par ailleurs, les modalités de cette promotion interne ne sont pas satisfaisantes car elles accordent un pouvoir important aux chefs d’établissement, comme pour nos collègues BIATSS, au détriment de la collégialité universitaire à laquelle le SNIRS-CFE-CGC est particulièrement attaché. En effet, dans les universités, les réformes mises en œuvre depuis la présidence de Nicolas Sarkozy n’ont cessé de vouloir calquer le fonctionnement des établissements sur le modèle anglo-saxon. Le SNIRS-CFE-CGC récuse cette évolution qui va à l’encontre des principes qui ont fondé la grandeur de l’université française.

Le président de l’université n’est pas pour nous un chef d’entreprise qui doit manager des collaborateurs, il est un « primus inter pares » qui a été choisi pour un mandat de quatre années qui ne devrait pas être renouvelé. Il faut donc revoir le mode d’élection qui a été calqué sur celui des élections régionales et qui divise les milieux universitaires pendant la campagne électorale et pendant toute la durée du mandat, retrouver un système qui permette la coopération, le compromis plutôt que l’affrontement permanent en conseil d’administration.

Il faut renforcer la collégialité à tous les niveaux, d’abord au sein des comités de sélection qui ne doivent plus être constitués à chaque recrutement, ce qui est l’occasion de multiples manœuvres, et revenir au principe de l’élection de ses membres pour un mandat de plusieurs années sur le modèle du CNU dont il faut renforcer par ailleurs le pouvoir.