En réponse au projet d’externalisation des collections du Muséum national d’histoire naturelle une intersyndicale regroupant l’ensemble des organisations syndicales de l’établissement s’est créée pour demander audience à la ministre de l’ESR.

Le SNIRS CFE-CGC avait pu, dès l’automne 2022, informer la ministre et son cabinet de son opposition à ce projet délétère pour le Muséum.

L’intersyndicale a été reçue le 10 mai par le directeur de cabinet de la ministre et, visiblement, le ministère ne soutient pas l’actuel projet du président du Muséum. Il faut maintenant bâtir un vrai projet partagé de conservation et valorisation.

Communiqué de l’intersyndicale :

Déménagement des collections :

L’intersyndicale du Muséum reçue par le numéro deux du ministère de l’ESR

Le 19 avril 2023, l’intersyndicale composée de toutes les organisations représentatives du personnel du Muséum (CGT Muséum, FO-ESR, FSU, SNIRS CFE-CGC, Syndicat autonome des personnels du Muséum, SNPTES, SUD Éducation) avait écrit à Mme la ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche.

Les organisations syndicales s’inquiétaient d’apprendre, par voie de presse, que la présidence du Muséum avait pris la décision de déménager plusieurs millions de spécimens des collections, soit une partie importante des collections, dans une infrastructure hors de Paris et que la ville de Dijon avait été choisie comme lieu d’accueil.

Les organisations syndicales souhaitaient alerter la ministre sur le fait que, au-delà des problèmes scientifiques, techniques, financiers et statutaires que pose un tel projet de déménagement, voire d’externalisation, cette décision, si elle était confirmée, interviendrait alors qu’aucune instance du Muséum n’avait été appelée, au cours des dernières années, à se prononcer sur le principe même d’un projet de déménagement. Par ailleurs, il leur semblait singulier qu’une décision aussi fondamentale et structurante pour le Muséum puisse être prise, quelle qu’en soit la forme, à trois mois de la fin des huit années de mandat de l’actuel président du Muséum et alors même que la procédure de désignation de son successeur a été enclenchée par les soins de la ministre.

Le jour même de la demande d’audience formulée auprès de la ministre, celle-ci demandait à son directeur de cabinet, M. O. Ginez de recevoir les organisations syndicales. Cette célérité et le choix de faire recevoir les représentants du personnel du Muséum par le numéro deux du ministère montraient l’importance accordée par la ministre à ce dossier.

La position du ministère concernant les collections du Muséum

Les organisations syndicales ont été reçues le 10 mai, pendant près de deux heures, par M. O. Ginez, directeur de cabinet, et M. Baptiste Bourboulon, conseiller budgétaire au sein du cabinet de la ministre. Elles ont, en préambule, rappelé leurs inquiétudes et leur opposition à l’actuel projet porté par la présidence du Muséum, tout en insistant sur la nécessité de prendre en considération les besoins actuels pour une meilleure gestion des collections. Elles ont précisé la chronologie réelle de ce dossier depuis plus de 2 ans et, entre autres, apporté d’utiles précisions sur les liens collections-recherche tout comme sur la réalité de la gestion quotidienne des collections sur les sites du Muséum.

M. O. Ginez a d’emblée précisé les trois lignes directrices qui fondent la position du ministère de l’ESR sur la question générale des collections du Muséum :

1- le ministère est attentif à ce que le Muséum respecte les normes de sécurité, en particulier en ce qui concerne la législation et la réglementation relative aux Installations classées protection de l’environnement (ICPE), en l’espèce toutes les questions concernant le stock de collections en fluide conservées à la zoothèque ;

2- le dossier des collections doit être étudié en gardant en perspective leur dimension scientifique, les collections sont liées à la recherche ;

3- la prise en compte du coût financier réel d’un projet est une donnée essentielle, surtout dans le contexte budgétaire actuel, il faut donc que la dépense se justifie pleinement.

Quid du projet de la présidence ?

Concernant la situation actuelle, le projet de la présidence et l’avenir, M. O. Ginez a indiqué :

– que le ministère n’a eu connaissance des intentions de la présidence du Muséum qu’il n’y a six mois seulement, que la présidence du Muséum a justifié le fait de n’avoir pas consulté les instances de l’établissement sur le principe qu’elle estimait ne pas avoir à le faire car il s’agirait sur ce dossier uniquement de respecter la réglementation.

– que l’Appel à manifestation d’intérêt (AMI) lancé par le Muséum n’engage pas le ministère de l’ESR, tant dans ses objectifs que dans les conclusions tirées par la présidence de l’établissement.

– que toute solution, même prise dans l’urgence pour des raisons de sécurité, ne doit pas avoir pour conséquence de déstabiliser l’établissement.

– qu’il convient de trouver une méthode et que celle-ci soit partagée avec la communauté scientifique.

– que le projet de la présidence n’est pas compatible avec la procédure d’appel à candidature enclenchée pour le choix du futur président ou de la future présidente du Muséum, mais aussi de l’équipe de direction qui sera mise en place à cette occasion.

– qu’en l’état actuel du dossier, le ministère ne serait pas engagé par un vote du conseil d’administration du Muséum, car ce dossier dépasse les seules compétences de la présidence du Muséum dans la mesure où sa nature, tout comme le nombre et le type de partenaires engagés, en font un dossier conduisant à des choix politiques relevant des services de Mme la Première ministre.

– que le ministère de l’ESER souhaite organiser prochainement une réunion interministérielle (services de la Première ministre, ESR, ministère des finances…) autour de la question des collections du Muséum afin d’étudier plusieurs scénarios de nature, d’ampleur et de temporalité différentes :

1/ soit juste répondre à la nécessité d’une décision urgente afin de régler le seul cas des collections en alcool,

2/ soit envisager dans le même temps d’engager une réflexion plus large et structurante à proximité du Jardin des Plantes ou plus éloignée.

Dans toutes les hypothèses, le préalable sera d’objectiver la nature de la contrainte qui pèse sur les collections et le Muséum sur le plan de la sécurité.

– que le président ou la présidente en fonction à partir du 1er septembre prochain aura dans sa lettre de mission le dossier des collections et le souhait du ministère que le dialogue soit ouvert sur ce dossier avec la communauté du Muséum et au-delà.

L’intersyndicale se félicite de cette réunion qui s’est tenue dans une ambiance franche et constructive. Ses arguments ont été écoutés et les précisions apportées par elle ont permis d’éclaircir nombre de points semble-t-il inconnus du ministère.

Elle accueille favorablement le fait que le ministère annonce ne pas reprendre à son compte l’actuel projet de la présidence du Muséum et souhaite se donner les moyens pour répondre à l’urgence de la situation.

Elle entend rester vigilante sur l’évolution de la situation à court terme et sur la nécessité qu’à l’avenir les projets soient construits de façon collective en associant les personnels, la communauté scientifique et les instances.

Les syndicats CGT Muséum, FO-ESR, FSU, SNIRS CFE-CGC, Syndicat autonome des personnels du Muséum, SNPTES, SUD Éducation