Ils veulent que les collections du Muséum partent vite et loin. Mais rien n’est joué !

Le 26 avril, le président du Muséum national d’histoire naturelle a informé les élus au sein du conseil d’administration (CA) qu’il mettait en place une “commission consultative”. Celle-ci serait chargée de procéder à une pré-sélection des dossiers adressés en réponse à l’appel à projets pour mettre en œuvre la décision du président de déménager hors de Paris un grand nombre de collections du Muséum et de services liés.
Dans le même courrier, il annonçait qu’il venait de désigner, nous imaginons avec leur accord, deux membres de cette commission (la vice-présidente du conseil scientifique et le représentant de la CGT au CA) afin de poursuivre le processus conduisant à cette externalisation physique et intellectuelle des collections qui sont au cœur des missions de notre établissement et donc de nos métiers.
Les non-dits d’un projet néfaste
Il nous semble nécessaire de rappeler que le conseil scientifique (CS), composé pour plus de la moitié de ses membres de personnalités extérieures au Muséum, s’était exprimé à l’unanimité (motion des 1-2 février 2022) pour souligner que “le déménagement d’une partie des collections touche directement l’identité du Muséum et aura un effet important et durable sur la recherche liée à ces collections” et s’inquiéter que le “projet n’ait été présenté et discuté que dans ses modalités pratiques” et non dans son principe. Le Président du Muséum a décidé jusqu’à présent de se passer des conseils avisés du CS.
Depuis des mois, les élus du SNIRS CFE-CGC Muséum et du Syndicat autonome des personnels du Muséum s’opposent à cette décision prise sans concertation, sans état des lieux (scientifique, technique) préalable et scénario alternatif. Il est significatif de souligner qu’en réponse à une question de nos élus au Comité technique (5 avril 2022), la présidence a reconnu n’avoir conduit aucune discussion particulière sur ce déménagement avec la Ville de Paris ou la Région Île-de-France. Que les collections partent, vite et surtout loin ! Tel est le mot d’ordre.
Pire, lors de cette réunion du Comité technique, la présidence a tranquillement indiqué la façon dont elle envisage le rôle des instances – nous avions déjà une petite idée sur ce point ! –, mais surtout comment elle conçoit les collections scientifiques : “Les instances n’ont pas factuellement à donner un avis sur un déménagement de locaux ou d’outils”. Non, les collections scientifiques ne sont ni des “locaux”, ni des “outils” ! Elles expriment et rendent tangible une recherche ; elles constituent un patrimoine que la science justifie par ses questions du présent et celles à venir ; elles représentent une mission de service public, une responsabilité reconnue par la nation et la communauté scientifique au Muséum depuis plusieurs siècles.
Le refus de toute complaisance
Cette décision solitaire engage l’établissement dans l’essence et l’accomplissement des missions que la nation lui a confiées. Quoiqu’en dise la présidence, elle va toucher tous les personnels, qu’ils travaillent directement ou pas sur les collections, en rompant le lien consubstantiel qui lie la recherche faite au Muséum et les galeries aux collections. Elle confie à une collectivité territoriale la garde et la gestion quotidienne (conservation-restauration, accueil des visiteurs…) de ces collections nationales. Elle condamne à terme le statut spécifique des enseignants-chercheurs du Muséum, seuls conservateurs scientifiques légitimes de ces objets (art. 2 du décret n°92-1178 du 2 novembre 1992).
En cohérence avec le mandat que leur ont confié les personnels, les représentants du personnel du SNIRS CFE-CGC Muséum et du Syndicat autonome des personnels du Muséum rejettent toute complaisance et toute ambiguïté à l’égard d’un projet néfaste à tous égards. Ils refusent de cautionner la procédure en cours et ne participeront pas à la commission d’enregistrement mise en place par le président pour assurer la bonne marche de son projet.
Le SNIRS CFE-CGC Muséum et le Syndicat autonome des personnels du Muséum réitèrent leur souhait que la présidence considère les inquiétudes fondées des personnels et des instances, et demandent à ce que le principe même de déménagement des collections soit discuté au sein de toutes les instances de l’établissement.
SNIRS CFE-CGC Muséum